De la nécessite du financement des infrastructures en Afrique

13 Jan 2015
Dans son rapport annuel 2013, la banque mondiale fait connaître que le développement des infrastructures est indispensable pour assurer la croissance, réduire la pauvreté et créer des emplois. Dans cette perspective, ledit rapport indique que l’appui de la Banque mondiale au développement des infrastructures, qui englobe les transports, l’eau, l’énergie, et les technologies de l’information et de la communication, représente 37 % de l’ensemble des prêts accordés aux pays clients durant l’exercice 2013, ce qui en fait la plus importante branche d’activité de cette institution.
De ce qui précède, nous pouvons en déduire que le secteur des infrastructures est très déterminant pour assurer la croissance de l’économie mondiale dans sa globalité. Cependant, il convient de relever dans le rapport 2013 de la Banque mondial qu’en Afrique, le manque d’infrastructures pénalise fortement l’économie du continent, les gains perdus en termes de croissance pouvant atteindre deux points de pourcentage par an.
En effet, l’Afrique reste confrontée à la précarité et à une faiblesse structurelle de ses infrastructures, caractérisée par :
(i) une mauvaise interconnexion des modes de transport ;
(ii) une faible connectivité aérienne ;
(iii) une faible qualité des services portuaires ;
(iv) une obsolescence des réseaux ferroviaires et des réseaux terrestres ;
(v) et de mauvaises facilitation et gouvernance dans les couloirs de transit.
Cet état des faits se matérialise par :
– le taux d’accès à l’électricité qui ressort à 43% de la population totale en 2012 (68% de la population urbaine et 25% de la population rurale) contre 77% dans les pays en voie de développement et 82% dans le monde ;
– le pourcentage de la population rurale ayant accès à la route, estimé à 43% en Afrique, contre 67% dans les pays en voie de développement et 69% dans le monde ;
– le taux d’accès à l’eau potable qui est de 68%, contre 87% dans les pays en voie de développement et 89% dans le monde ;
– le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile pour 100 habitants estimé à 80% en 2012 contre 89% dans les pays en voie de développement et 96% dans le monde ;
– le pourcentage de la population rurale ayant accès à la route qui ressort à 43% en Afrique, contre 67% dans les pays en voie de développement et 69% dans le monde ;
– le transport aérien reste généralement peu développé sur le continent, avec des coûts de transport exorbitant, des infrastructures aéroportuaires non conformes aux normes internationales et une multitude de compagnies aériennes nationales très peu compétitives et sans synergie.
Par ailleurs, force est de constater qu’en dépit du recul de la pauvreté, avec une proportion de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour qui est descendue à environ 48 % en 2010, contre 58 % en 1996 , d’énormes problèmes de développement demeurent notamment le retard du continent en matière d’infrastructures par rapport aux autres régions du monde et le coût des services d’infrastructures qui y est deux fois plus élevé que dans les autres régions du monde. Par exemple, les investissements en infrastructures en Afrique subsaharienne ne représentent en moyenne que 3% du PIB, soit la moitié du niveau constaté dans les pays émergents.
En somme, l’insuffisance et la précarité des infrastructures constitue un frein inéluctable au développement de l’Afrique dont les besoins annuels d’infrastructures sont estimés selon Arnaud Dornel à 93,3 milliards de dollars US, soit 15% du PIB africain. Paradoxalement, les investissements pour pallier ces besoins se situeraient annuellement à 45 milliards de dollars US, dont plus de la moitié est financée par le secteur public, soit un gap de financement d’environ 48 milliards de dollars US.